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Le processus de signification et les origines du signe / La mule du pape: une recherche sur l’origine du sens

Qu'est-ce que le signe ?

En effet, nous sommes constamment entourés de stimulus graphiques, etc… que nous avons appris à décoder afin de leur donner du sens. Nous en avons compris le code. Pourtant, sans utiliser aucun mot, nous sommes capables de saisir plusieurs renseignements. 


Le signe et ses composantes


Il existe différentes sortes de signes et les critères qui permettent de les classer sont nombreux. 

  • naturel
  • artificiel
  • olfactif
  • visuels
  • auditifs

Toutefois, ces approches empiriques ne suffisent pas aux mécanismes de la signification.

La sémiotique s’est donc donné comme mission de comprendre les rapports entre les éléments qui constituent un signe, et mettent en oeuvre le processus de signification (processus sémiotique).


La recherche a donc permis de distinguer les divers composants suivants :


  • le stimulus: manifestation concrète et sensible du signe
  • le signifiant: modèle abstrait, codifié, renvoyant à un objet qui n’est pas lui-même. 
  • le signifié: image mentale suscitée par le signifiant. (abstraction, qualité, objet inexistant) 
  • le référent: le signifié renvoie à son tour à un référent (à propos de quoi on communique)


Les différentes composantes du signe ne peuvent donc exister indépendamment les unes des autres. Ce sont ces relations qui forment le signe et décrivent le processus sémiotique. 


Expression et contenu


Ces quatre composantes sont distinguées entre celles qui participent à « l’expression » et celles qui participent au « contenu » du signe. 


Stimulus et signifiant sont donc la « porte d’entrée » du signe, signifié et référent en sont le « point d’aboutissement » du signe. Ils constituent ensemble le plan du contenu. 


L’exemple le plus clair et celui qui nous intéresse le plus est celui des langues humaines, où l’expression et le contenu disposent chacun d’articulations propres. Les signifiants y sont faits de sons, qui ne renvoie pas nécessairement à un composant de sens. 


L’arbitraire et le motivé


Les signes dont la forme que prend le stimulus est indépendante de celle du référent sont considérées comme arbitraires. Les signes linguistiques font majoritairement partie de ce groupe. 


Tous les signes dont la forme entretient un rapport un tant soit peu nécessaire avec le référent, sont appelés motivés. Ainsi que ceux également fondés sur un rapport de ressemblance ou de contiguïté entre l’expression et le contenu. 


Quatre grandes familles de signes s’en dégagent :


  • les indices: signes causalement motivés (girouette, trace de mains)
  • les icônes: signes motivés par la ressemblance
  • les symboles: signes associant arbitrairement un signifiant et une abstraction. 
  • les signes: au sens strict, ils composent les codes les plus sophistiqués. (signes linguistiques, numéros de tél, symboles chimiques)




D’autres genres de signes peuvent être encore évoqués dans ce système : les index, les titres de livres, des étiquettes. Ce sont des signes arbitraires, dont l’usager doit avoir appris les règles de lecture. Ou encore des signes dits « ostensifs » (échantillons, etc…) et des signes « contigus » ou « intrinsèques »


L’image et les signes


L’image, lorsqu’elle n’est pas accompagnée de mots, ne se lit pas comme un texte, ce que nous reconnaissons en elle ne provient pas, à priori, d’un code appris. Le contexte a une importance cruciale. 


Alors que le signe linguistique repose, lui, tout entier sur la notion d’arbitraire. 


Les signes servant à produire des images sont encore distingués entre les signes plastiques (que l’on peut reconnaître) et les signes iconiques, fondés sur une relation de ressemblance entre le signifiant et le signifié, qui est malgré tout plus contraignante par sa nature. Un de ses problèmes étant qu’il procède par une transformation du réel visuel. 


La mule du pape ou le conte comme instrument pédagogique


Le conte se présente tantôt comme instrument thérapeutique, tantôt comme outil pédagogique, tantôt encore comme pur divertissement. Il interroge. Il recrée. Il est porteur d'un « message» au sens où Lévi-Strauss l'entend pour les mythes, c'est-à-dire qu'il exprime une pensée dont le dévoilement n'est pas inhérent à la démarche rationnelle. Il apporte à la fois sens et non-sens, mensonge et vérité. Il nous plonge dans la fiction pour nous parler de la réalité. 


Quels pourraient donc être les objectifs visés lors du partage d’un conte avec de jeunes élèves ? 


Le conte peut leur permettre de mieux gérer leurs émotions et de s’y confronter, par exemple en faisant écho à leurs peurs. Il permet également un développement de leur imaginaire, de leur écoute, de leur capacité à se concentrer et peut également amener à étoffer leur vocabulaire, leur champ lexical dans un contexte donné; celui de l’histoire.  


Et c’est finalement ce que nous propose Alphonse Daudet à travers ce conte. Le narrateur, nous décrit une quête de sens, ou plus précisément une quête de l’origine du sens d’une expression « régionale ». On peut dire qu’il recherche l’étymologie de l’expression « Cet homme-là ! méfiez-vous !... il est comme la mule du Pape, qui garde sept ans son coup de pied. » 


Nous pourrions donc parler de l’image que dégage l’expression en question et comme nous l’avons vu plus haut dans la partie théorique, le contexte, dans ce cas, a une importance cruciale. 


Ici, dans notre cas, les relations entre signifiant, signifié et référent ne sont pas un problème dans le processus de signification. En effet, les expressions (signifiants) utilisées permettent de visualiser/conceptualiser parfaitement les différents référents. Nous pouvons dire que nous comprenons parfaitement cette phrase ainsi, bien entendu, mais il nous faudra impérativement rechercher du côté du contexte ; contexte historique dans notre cas, afin de saisir intégralement et dans toute sa subtilité notre expression. La méthode ? Et bien la recherche dans des textes anciens que mène notre narrateur. 


A bientôt pour un nouvel article ;) 


Les têtes de mules


Bibliographie :


-  Klinkenberg, J.-M. (2001), « Qu’est-ce que le signe ? », dans J.-F. Dortier (dir.), Le langage, Auxerre (France), Sciences humaines, p. 105-112.


- St-Pierre, Julie (2011), « Le conte en contexte : ethnographie de la pratique du conte en famille dans le Québec contemporain », Thèse ou mémoire, Université du Québec à Montréal, Sémiologie, 


- Ullmann, Stephen (1959), « Sémantique et étymologie », In: Cahiers de l'Association internationale des études françaises, n°11. p. 323-335.



Commentaires

  1. Super utilisation de la sémiotique merci de ce résumé !!

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  2. L'article nous montre bien les différents signes et nous aide à les comprendre, merci!

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  3. Nous sommes entourés de signes dans notre quotidien et nous n y faisons même plus attention. Cet article nous aide a comprendre les différences entre signes et les composantes des signes. Avant cet article je ne faisais pas de différences entre les signes que je voyais, alors qu'il en existe pleins. Par rapport au lien avec le conte, je suis d'accord que celui-ci est un outil formidable. Il aide les enfants à plonger dans leur imagination et développer leur créativité. C'est également un excellent outil pour aborder différente thématiques de manière romancée. Merci pour votre article! Sophie (les maraîchers)

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